Histoire de Châteauneuf


 

       Grâce aux recherches du GRACS (Groupe de Recherches Archéologiques de la Combe de Savoie), on sait que notre commune était occupée déjà avant le 1er siècle après J.C. par les romains (découverte au Boisson de poteries, de monnaies et d'une épitaphe) et par des gaulois(découverte d'un extraordinaire Fanum -petit temple- au lieu dit Chante Grue).


"Découvert en 1977, le site gallo-romain de Châteauneuf a été fouillé partiellement de 1978 à 1986... Il s'insère dans le contexte archéologique très riche de la Combe de Savoie ". . .


Pour en savoir plus allez visiter le magnifique site :

CHATEAUNEUF-LES-BOISSONS

UN SANCTUAIRE D'AGGLOMERATION SECONDAIRE.

en cliquant sur ce "Graffito"..

 

       D'après le "Dictionnaire des Communes de Savoie" et le "Petit lexique des noms de lieux de Suisse Romande, Savoie, Isère, Jura et vallée 'Aoste" (cliquer ici pour y accéder), les diverses appellations de Châteauneuf furent:

"Novum Castellum" en 1015 ("Novum Castellum super Isaram fluvium"),
"Castrum Nostrum" au XIVe siècle,
"Chasteauneuf", "Maltaverne" et "Chateau-Neuf en Savoye" en 1731,
"Le Bac" toponyme révolutionnaire en l'An III.

       On suppose généralement que le Château qui donna le nom à notre commune, fut construit à l'époque carolingienne pour surveiller le passage de l'Isére et l'amorce de la route des Alpes par la Maurienne et le Mont Cenis.

      Au XIeme siècle, le curtis de Châteauneuf forme avec ceux de St Jean d'Albigny (ou de la Porte), St Pierre d'Albigny et Notre Dame de Conflans (Bourgneuf), un groupe de propriétés dépendantes du fisc du roi Rodolphe III, roi de Bourgogne Jurane, qui en fait don à son épouse la reine Hermangarde (qui en fera don ensuite aux moines du prieuré de St Ours (devenu St Philippe)). En 1014, le château appartenait à Boson de Châteauneuf (dont le fils Amoudry est fait chevalier en 1081). Ce château s'élevait sur la crête qui domine l'Isére, face "au village de Paux" pour assurer la protection du bac qui traversait l'Isère.

      Aux Archives Départementales de Savoie, on trouve traces d'écrits qui remontent au XIIIeme siècle (1254) dans lesquels il est fait référence de la noblesse de Châteauneuf: les Seigneurs de La Chambre, Vicomte de Maurienne et Seigneurs de Châteauneuf. C'est d'ailleurs à cause de l'un d'eux: Louis de La Chambre, gouverneur de la Savoie que se produisit la ruine du Château que la duchesse Blanche de Savoie fit détruire en 1491 avec sa chapelle.

      En 1514 on trouve trace de la "baronnie" et de la "châtellenie" de Châteauneuf (bien que le château n'exista plus), avec Louis Seigneur de La Chambre, Vicomte de Maurienne, Baron de Cuines et Baron de Châteauneuf. On trouve parfois aussi dans les titres "Seigneurs d'Hurtières". Aux Archives Départementales, les prénoms les souvent cités sont ceux de Richard (1311), Jean (1338), Didier et Thibaut (1342), Gaspard (1343), Aymon (1450), Louis (1473 et 1514).

      La seigneurie passa ensuite dans le patrimoine de Battefort de l'Aubépin qui vendit la terre en 1639 à la famille Castagnery. Cette famille de "marchand de Turin" avait reçu, vers 1531, du Marquis de la Chambre, l'emphythéose (bail de longue durée - 99 ans généralement) des mines de fer des Hurtières en Basse-Maurienne. Le premier fut certainement Jean-Baptiste Castagnéry dont le fils Jacques-Louis de Castagnery sera "Baron de Châteauneuf, conseiller d'Etat et 1er sénateur au sénat de Savoie" tandis que le petit-fils Pierre Antoine Castagnère (nom francisé), "Marquis de Châteauneuf", sera "Conseiller au parlement de Paris" , ambassadeur à Constantinople, à Lisbonne, en Hollande où il sera accompagner de Voltaire, "Prévôt des Marchands de Paris" et à ce titre un jeton sera édité à son nom.

Cliquer ici pour un aggrandissement des deux faces du jeton, que l'on peut acquérir à la Compagnie Générale de Bourse

 

Cliquer ici pour plus de détails sur Pierre Antoine de Castagnère, Marquis de Châteauneuf.

 

Son fils Jean-Baptiste sera Président du sénat de Savoie. Dans les divers documents nous retrouvons cette famille De Castagnery "Baron de Châteauneuf de tous et un chacun", "Baron de Châteauneuf et d'Hurtières", " Baron de Châteauneuf, Comte d'Hurtières et Seigneur de la Thuillie". Les Castagnery avaient acheté pour y habiter, en 1687, au hameau de Boistard, une maison forte appartenant au Prince de Carignan.

      Dans la Combe de Savoie, d'après Jean Nicolas ("La Savoie au XVIIIeme siècle"), la dynastie de notaires LADOUX, "exploite presque sans interruption, au 18eme siècle, la ferme et la châtellenie de la terre de Châteauneuf". A cette période, le "droit de banvin" (obligation de presser son vin au pressoir du Baron) est confirmé dans la baronnie de Châteauneuf.

      La commune se libéra de ses droits féodaux en 1780 pour 24.300 livres.

      Après la destruction du château, une nouvelle église fut construite à peu près à l'emplacement actuel, vers 1491 (il n'en reste rien). L'édifice actuel fut terminé en 1727, sous le vocable de St Etienne. Cette reconstruction est due au révérend Cosme François Deléglise. Le clôcher, abattu sous la révolution, fut reconstruit en 1813.

      Par décret de la Convention Nationnale en date du 25 vendémiaire, an II de la République, toutes les communes à noms "supersticieux" furent mises en demeure de les changer. Ainsi Châteauneuf devint "Le Bac" (St-Jean-De-la-Porte devint La-Côte-Rouge, Ste-Hélène-du-lac devint Les-Forges, ...). Le sucesseur d'Albitte, Gauthier, supprima officiellement ce décret par l'arrêté du 14 nivôse, an III.

      Sur la facade de l'église de Châteauneuf se trouve encore une plaque avec ces mots: "Ci git Adélaïde de Chevillard, née le 16 décembre 1796, mariée le 6 mai 1815 au baron V. J. De Castagnery Comte de Valdieri, décédée le 7 mars 1830. Modèle des filles des épouses et des mères. Pauvres pêcheurs priez pour elle".

Jean-Baptiste Balmain, maître de forges, domicilié à Epierre jusqu'en 1850, possédait à Maltaverne une maison de campagne et des terres. Il succède aux Castagnery de Châteauneuf, dont il était le rival. Il devient ensuite le "Seigneur du village". Antoine, son neveu, achète les dernières terres que possèdent encore Jean Esther de Castagnery, ainsi que le symbole de son rang : le château de Boistard (édifice brûlé pendant le seconde guerre mondiale) et le moulin Rothier.

 

D'autres informations relatives à Châteauneuf:

      En 1630, la "grande peste" fit des ravages à Chateauneuf, lieu de passages: 120 personnes moururent entre mai 1630 et mai 1631. La maitre de poste, Jean-Louis Bernard, rescapé de l'épidémie, participa à la fondation de la chapelle de Maltaverne (cette chapelle a disparu comme tout le vieux village de Maltaverne, mais un tableau subsiste dans l'église). 

      Après la destruction du Château et de sa chapelle, une nouvelle église fut édifiée vers 1491 (il n'en reste rien) et l'actuelle fut terminée en 1727. Le clocher, abattu sur les ordres du conventionnel Albitte lors de la période révolutionnaire, fut reconstruit en 1813. En outre, Châteauneuf a possédé jusqu'à 3 chapelles :
      - la chapelle de Maltaverne érigée suite à la grande peste,
        - la chapelle Notre Dame des Grâces au villaret, fondée en 1656 et qui prit le nom de Notre Dame de l'Europe au XVIIIeme siècle,
        - la chapelle Sainte Croix à Frédière fondée fin du XVIeme, rasée sous la révolution.

      En 1728, la "petite noblesse" des communes voisines possédait des "terriers et fiefs" à Châteauneuf. Citons-en quelques uns: Jean-Baptiste De La Roche Seigneur de Coise, De Mellarède du château de Chamoux, Georges-François-Joseph Marquis de Chamousset, Pierre-Louis De Lescheraines Marquis des Beauges, ….

      Lamartine n'a pas situé exactement le Valneige de Jocelyn. Nous savons seulement que le village est à une journée de marche de Maltaverne, entre Châteauneuf et Chamoux, sur l'ancienne route d'Italie (d'après le document "Savoie" de Christine Bonneton).       

Vers 1813, le voyageur britannique Arthur Young passant par Châteauneuf écrivit : "au-dessus de Mal Taverne, se trouve Chateauneuf, résidence de la comtesse de ce nom. Je fus indigné de voir au village un carcan avec une chaîne et un collier en fer,.."

       A Maltaverne se trouvait l'un des 15 relais de poste sur la grande route de France en Italie. Sous le régime sarde, c'est là que se trouvait la brigade de carabiniers. Ce relais, d'abord transformé en école, a été rasé en 1980. D'après le "Dictionnaire des Communes de Savoie", il fallait une poste et demie pour rejoindre Montmélian, autant pour aller à Aiguebelle (je pense qu'il s'agit des relais voisins). La poste correspondait à une mesure de prix concernant en Savoie environ 12 kilomètres. Le maitre de Poste était un homme très important, le premier connu est Jean-Louis Bernard, au XVIIeme siècle. Autour du relais régnait un nombre important de cabarets (5 en 1737) qui ont donné son nom au hameau.

       Le 22 Mars 1851, meurt prématurement le docteur Pierre Duclos, bienfaiteur éclairé de Châteauneuf, décédé à 45 ans, "miné par les fièvres intermittentes du Betton" (sans doute des fièvres contractées à l'occasion des soins qu'il prodiguait aux aliénés de Betton). Par testament du 12 Septembre 1849, "non content d'avoir sacrifié sa vie pour l'oeuvre des aliénés ... il légua à l'asile une somme de 7 300 Francs, affectée à la fondation à perpétuité d'une place pour un aliéné pauvre de la commune de Châteauneuf, à défaut ... de toutes autres communes du mandement". Une plaque a été posée sur le mur de l'église de Châteauneuf. Il avait épousé Marie Joséphine Balmain et s'était installé à Maltaverne où il a exercé la fonction de syndic.

       L'activité commerciale de la commune a toujours été centralisée sur Maltaverne où avait lieu une foire le 1er Septembre; on y trouvait de la rouennerie (étoffe de couleur, en coton teint), de la mercerie, des bestiaux, .. mais elle disparut avant 1910.

       A cette période, Châteauneuf était encore une des plus importante commune productrice de vers à soie. En effet, sur les 450 en Combe de Savoie, notre commune comptait 26 "éducateurs" (personnes faisant l'élevage du cocon de ver à soie) pour une production de 782 Kg de cocons vendus 3 à 3,5 Fr le Kg. Outre la règlementation très stricte, pour élever les vers qui produiront 30Kg de cocons, plus de 1000Kg de feuilles de mûrier étaient nécessaire (soit environ 30 arbres). La production était certainement traitée à la filature de Betton-Bettonet dans l'ancienne abbaye.

      Au nord de Maltaverne coulait une source, encore au début du XXeme siècle: La Ferranche. Son eau était ferrugineuse, et les habitants s'en servaient encore en 1924 comme remède et fortifiant (utilisée par les prisonniers de Miolans sous l'appellation "d'eau martiale de Chateauneuf").

      Avant la guerre de 1939, outre ses nombreux agriculteurs, Châteauneuf possède ses commerçants, ses artisants (bâtiment, habillement), un meunier, un scieur, un entrepreneur de battages, un distillateur d'eau de vie, deux pensions de famille.


      Une grande partie de ces informations est tirée du "Dictionnaire des Communes de Savoie" et des Archives Départementales de Savoie, en particulier les fonds légués par Jacques Balmain en 1910, relatifs à la famille De Castagnery de Châteauneuf dont les activités ont été longtemps liées aux mines de fer et de cuivre de St Georges d'Hurtières et aux forges d'Argentine.

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